Le programme Mashreq-Maghreb. Archives photographiques du monde islamique [titre original] est né du constat effectué à la fin des années 80 par Marianne Barrucand et d’autres chercheurs : à la différence du Moyen Age occidental, les arts de l’Islam ne possèdent alors aucune photothèque publique, ce qui complique considérablement l’accès à la documentation visuelle et entrave la recherche dans les disciplines concernées.
Or la dissémination des œuvres est une caractéristique des arts de l’Islam : de nombreux manuscrits démantelés il y a un siècle ou quelques décennies sont dispersés à travers le monde. De même, l’engouement des collectionneurs des XIXe et XXe siècles pour les métaux et les céramiques produits au Proche et Moyen Orient, a eu pour effet d’éparpiller les objets tout en enrichissant considérablement certaines collections, privées ou publiques. Parallèlement, dans le domaine de l’architecture, les restaurations hasardeuses, voire la complète disparition de certains monuments, confèrent au projet de constitution d’une photothèque une indéniable dimension d’urgence.
Dès lors, il apparaît indispensable de fournir à la communauté des chercheurs et des étudiants spécialistes de l’histoire de l’art et de l’archéologie islamiques des archives photographiques informatisées permettant un accès rapide aux données et qui, par des interrogations croisées et thématiques, peuvent déboucher sur de nouvelles comparaisons et de nouvelles hypothèses.
La création du projet
Le projet, agréé en 1989 comme « Programme International de Coopération Scientifique » (PICS), réunit l’Institut für Orientalistik de Bamberg et l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV).
Le centre de Bamberg, sous la direction de Klaus Kreiser et Barbara Finster, se consacre, dans la première phase du projet, aux arts mobiliers, à l’architecture et à l’urbanisme de l’Orient (Mashreq) alors que le centre parisien, sous la direction de Marianne Barrucand et Sophie Pecquerie, se charge des arts du livre, de l’architecture et de l’urbanisme de l’Occident musulman (Maghreb).
Dans un premier temps, les collections de diapositives déjà existantes sont enrichies par l’achat de nouveaux documents, par des prospections spécifiques sur le terrain, par les dons d’étudiants et des enseignants-chercheurs, ainsi que par des échanges. Elles sont complétées par la copie de documents publiés.
A ce jour, le centre de Paris est riche de 50 000 clichés réunis dans une diapothèque hébergée à l’Institut d’Art et d’Archéologie et ouverte au public.
La consultation du fonds et la copie de photographies (sous conditions) est possible sur simple rendez-vous. Parallèlement à l’enrichissement des fonds, une importante partie du programme est consacrée à l’élaboration d’une base de données.