Née en 1941 à Freiberg, dans la Saxe, Marianne Leutwein quitte la RDA à l’âge de dix-sept ans pour rejoindre la RFA. Elle débute ses études universitaires à Hambourg.A partir de 1963, elle poursuit sa formation en France, à l’Université Nancy. Après un diplôme d’études supérieures de langue française, Marianne Barrucand mène conjointement des études d’allemand et d’histoire de l’art. Entre 1966 et 1967, elle obtient la Licence d’enseignement dans les deux disciplines, avant d’entamer un Doctorat de 3ème cycle sur le « retable du Miroir du salut dans l’œuvre de Konrad Witz » sous la direction de Louis Grodecki. Elle soutient à Strasbourg en 1969.
Elle part ensuite au Maroc. À Rabat, elle mène des recherches sur l’architecture palatiale marocaine, puis devient chargée de cours en histoire de l’art à l’Institut Universitaire National de Tourisme de Tanger. En parallèle, elle effectue un second Doctorat de 3ème cycle, sous la direction de Janine Sourdel-Thomine, sur « L’architecture de la qasba de Moulay Ismaïl à Meknès », qu’elle soutient en 1976.
L’année 1978 marque son retour en France et son arrivée à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV). Après avoir occupé successivement les fonctions d’assistante, puis de maître-assistante, elle devient maître de conférences en histoire de l’art et archéologie islamiques. Un an plus tard, elle soutient son Doctorat d’État à l’Université de Paris-Sorbonne, où elle est nommée Professeur en 1985.De là, elle conduit à terme de nombreuses thèses dont plusieurs ont été depuis publiées et met un point d’honneur à suivre la carrière scientifique de ses anciens doctorants. Son investissement dans la vie universitaire est également profond. C’est à ses soins notamment qu’est due, en 1992, la création d’un réseau ÉRASMUS en études arabes et orientales entre Paris-Sorbonne, Londres et Bamberg.
Tout au long de sa carrière, Marianne Barrucand a manifesté un grand dynamisme, tant dans les activités scientifiques que dans les tâches administratives. Ses centres d’intérêt sont nombreux. Ses premières recherches en histoire de l’art et archéologie islamiques la mènent au Maroc, où elle étudie l’urbanisme princier prémoderne. Plus tard, elle fera de même en Espagne, en s’intéressant à l’architecture monumentale et à son décor. Ses enquêtes sur l’enluminure hispano-maghrébine et la miniature arabe et persane la conduisent à la rédaction de nombreux articles de fond. L’archéologie la mènera à participer aux prospections du programme franco-algérien « atelier nomade » dans le Touat et le Gourara durant les années 1989 à 1992.
Marianne Barrucand se tourne ensuite, à partir du milieu des années 1990, vers les pays du Proche-Orient, la Syrie et l’Égypte en particulier. Elle noue à cette occasion d’étroites et fructueuses relations avec l’IFPO, l’IFAO et les autorités locales, en vue de l’ouverture de nouveaux chantiers de fouilles à Hadir-Qinnasrîn et à la Citadelle de Damas d’une part, et sur la muraille ayyoubide du Caire d’autre part. A partir du début des années 2000, elle concentre ses recherches sur le décor architectural fatimide, en Egypte dans un premier temps, puis en Tunisie dans un second temps avec la fouille de Sabra al-Mansouriya.
Sa grande intuition de chercheur l’amène par ailleurs à créer, en 1989, le programme franco-allemand d’archivage de photographies du monde islamique « Mashreq-Maghreb».
En 1998, le public français mesure son sens de la coordination scientifique à l’occasion de l’exposition et du colloque international consacrés à l’art fatimide à Paris.
Parallèlement, Marianne Barrucand devient notamment, membre de la Commission nationale du CNRS (section 44), puis, à partir de 1993, membre du jury de recrutement des conservateurs à l’École nationale du Patrimoine. Elle participe au conseil scientifique de l’IFAO en 1995, et à celui des Instituts du Pôle-Orient du ministère des Affaires Etrangères en 2001.
En 1997, puis de nouveau en 2005, elle est membre de la Commission d’admission à la Casa de Velázquez.
Ces multiples activités n’entravent nullement ses travaux purement scientifiques, comme en atteste la publication de près de quatre-vingts articles.Elle est en outre l’auteur de plusieurs ouvrages, tels que L’urbanisme royal en islam : Meknès et les villes royales islamiques post-médiévales (1985) ou L’architecture maure en Andalousie (1992). Elle a également contribué à la rédaction d’ouvrages collectifs et de manuels : « L’art de l’islam » dans Le Moyen-Âge : Chrétienté et Islam (1996), et « L’Islam » dans l’Art du Moyen-Âge (1995).
En 1999, elle est faite Chevalier de la Légion d’Honneur, sur proposition du ministère des Affaires Étrangères. Marianne Barrucand prend sa retraite en mai 2006, et devient Professeur émérite de l’Université de Paris-Sorbonne en septembre de la même année. Elle décède le 25 juillet 2008 au terme d’une longue maladie, à l’âge de 67 ans.